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Photo du rédacteurCarline Petitpas

Automédication verte – Attention aux idées reçues

Beaucoup de personnes ont recourt aux plantes pour soulager leurs maux du quotidien : sous forme de compléments alimentaires (ampoule, gélule…), de plantes brutes à consommer en tisane ou d’huiles essentielles.

Ces produits sont en vente libre dans les magasins bio, les parapharmacies ou les pharmacies, sans plus de conseils ni mises en garde, sauf si on prend le temps de se renseigner (auprès du personnel présent ou en lisant la notice et liste des mises en garde). Cette grande proximité couplée à un effet de mode depuis le début des années 2000, leur donnent un aspect inoffensif doublé d’un côté « sorcière » ou « savoir oublié » qui attirent beaucoup de personnes en référence aux remèdes des anciens.

On a peut-être oublié que les anciens avaient recours à ces traitements faute de mieux… mais surtout que les conseils étaient donnés par des personnes qui connaissaient les plantes, la physiologie humaine et la personne sui recevaient les dits conseils !

Sans conseils ces traitements (car oui, il s‘agit bien de traitements) peuvent avoir des conséquences sur votre santé, causer des interactions avec des traitements en cours ou même… ne pas fonctionner si vous n’avez pas été conseillé.

Pour vous permettre d’y voir plus claire, je vous propose la liste des idées reçues à chasser de votre quotidien.


1 – « Trouver » des traitements seul.e grâce aux livres/internet…

Un rhume qui traine, une récidive suite à une prise d’antibiotiques, un délai trop long pour voir son généraliste et on perd patience. On cherche donc des traitements naturels, rapides et efficaces pour venir à bout de ces soucis. Premier réflexe : INTERNET…

Attention :

- Prendre en compte la posologie (quelle quantité/jour, durée du traitement, moment de la prise)

- Se renseigner sur les interactions médicamenteuses

- S’informer des effets secondaires possibles

- Trouver une liste complète des incompatibilités possibles avec des soucis de santé potentielle

- Utiliser cette option comme « première intention » en attendant de voir un médecin.

Si ça ne fonctionne pas, N’AUGMENTEZ PAS LES DOSES : le traitement naturel pour lequel vous avez opté n’était pas adapté à la cause de votre mal mais uniquement aux symptômes : mieux vaut consulter !


2 – Utiliser des plantes/ les HE en substitut d’un traitement classique

Substituer un traitement allopathique classique par une plante reviendrait à remplacer une béquille par une canne en bois : le résultat est moins bien adapté, moins efficace et ne traite pas le problème de fond, mais uniquement les symptômes…

Mieux vaut demander à son généraliste si on peut diminuer son traitement, tout en améliorant son alimentation et/ou en revoyant son style de vie en se faisant accompagner afin de ne pas connaître de revers de l’arrêt d’un traitement de façon brutale.

Quelques cas où cela est possible :

- Début d’infection urinaire

- Rhinite et rhinopharyngite sans fièvre ni difficultés respiratoires

- Les otites récidivantes chez l’enfant

- Problèmes de sommeil, de stress ou d’anxiété légers

- Les épisodes de constipation / ballonnements sans pathologies lourdes… etc

Faites-vous conseiller et accompagner pour éviter tout risque d’incompatibilité avec le traitement.


3 – Utiliser des plantes/les HE en continu pour un problème de fond

Certaines personnes consomment des mélanges de plantes en continu pour soulager des problèmes courants comme les douleurs articulaires, les problèmes de sommeil… Ils utilisent ce traitement en continu car celui-ci leur convient puisqu’il répond aux besoins qu’ils avaient (soulager les articulations douloureuses, se relaxer, limier les réveils nocturnes…).

Sans trop comprendre pourquoi, ils commencent à souffrir de brûlures gastriques, d’étourdissement ou d’autres maux qu’ils n’avaient jamais eu jusqu’alors. La plupart des plantes ont des effets secondaires, la griffe du diable (harpagophytum), par exemple, souvent utilisée pour les douleurs dues à l’arthrose provoque des brûlures d’estomac (entre autre).

Ou encore, ils viennent me consulter en m’expliquant que le traitement à base de plantes qu’ils prenaient jusqu’à il y a peu de temps ne fonctionne absolument plus. Ils l’ont pris, méticuleusement, sans discontinuer, trop contents de trouver un remède naturel qui leur évite d’avoir recours à la chimie. Sauf que les effets d’accoutumance existent aussi avec les plantes.

Les règles de base :

- Un traitement en phyto se prend maximum 21 jours en continu avec une pause de 7 jours pour limiter les risques d‘accoutumances

- Un traitement à base d’huiles essentielles se prend exceptionnellement et pour une durée de 7 jours maximum s’il est pris en cure (sauf cas spécifiques).

Faites-vous conseiller et accompagner pour trouver le traitement qui correspond à vos besoins réels : les subtilités sont nombreuses en phytothérapie (comme en aromathérapie).


4 – Utiliser les huiles essentielles au premier bobo

Les huiles essentielles représentent ce qu’il y a de plus concentré en principes actifs dans les produits de l’allopathie verte. Les dégainer à la première occasion c’est comme utiliser la pharmacopée classique sans trop mesurer les effets possibles et avec des risques d’intoxications importants.

On a tous entendu dire que telle ou telle huile essentielle avait des vertus incroyables pour soulager les maux. Par exemple, l’huile essentielle de menthe poivrée est efficace contre certains maux de tête, l’huile essentielle de gingembre peut soulager la constipation ou encore l’huile essentielle d’arbre à thé permettrait de soigner tous les maux de la sphère ORL…

Mais saviez-vous

- que l’huile essentielle de menthe poivrée peut provoquer des maux de tête et être irritante si elle est utilisée trop fréquemment

- que l’huile essentielle de gingembre est dérmocaustique et qu’elle ne doit surtout pas être utilisée en même temps que des médicaments comme de l’aspirine ou des antiinflammatoires (ibuprofènes)

- que l’huile essentielle d’arbre à thé est très irritante pour les muqueuses (pour ceux qui le prennent en interne…)

Mes recommandations :

- les huiles essentielles ont des effets neurotoxiques ou hépatotoxiques certaines et comme elles sont composées très largement de nombreux composés organiques volatiles : je ne recommande pas de les employer en présence d’enfants de moins de 3 ans

- certaines huiles essentielles, bien qu’en vente libre, ne doivent surtout pas être utilisées sans avis médical (ail, carotte en interne, de l’immortelle en interne)

- En les utilisant trop souvent les huiles essentielles, le risque est tel que le jour où les principes actifs de l’huile utilisée seront vraiment nécessaires, ces derniers ne soient plus efficaces à cause de l’accoutumance.

Utilisez les huiles essentielles avec parcimonie et en cas de dernier recours.


5 – Prendre le même traitement que X pour qui ça a fonctionné

Votre voisine souffrait des mêmes maux que vous. Elle semble aller mieux depuis quelques temps car elle suit un traitement à base de plantes qui lui a été recommandé par un.e naturopathe spécialisé.e dans ce domaine. Votre premier réflexe sera de prendre le même traitement que celui de votre voisine : si ça marche pour elle, pourquoi pas pour vous ?

Ce type de réaction est risqué car

- Les interactions médicamenteuses existent (si vous prenez un traitement de fond)

- Certaines plantes peuvent provoquer des effets pires encore que ceux que vous cherchiez à fuir

- Votre voisine et vous êtes des personnes différentes : même si les symptômes sont les mêmes, les cause de ces symptômes, elles, ne le sont pas forcément… et vous avez sans doute des modes de vie, des réactions etc très différents : dont vos traitements seront sans doute différents !



Vous l’aurez compris, les traitements pas les plantes c’est une alternative intéressante, à condition de :
- Connaître les effets secondaires de celles-ci (notamment les interactions possibles avec un traitement ou les effets possibles en cas de soucis de santé)
- Ne pas les prendre en continu sauf conseils spécifiques
- Ne pas les prendre en substitut d’un traitement classique
- Connaître la cause du désagrément pour se séparer du mal à la base (quand cela est possible).
- … se faire conseiller
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