Le tube digestif part de la bouche et se termine par l'anus avec, l''intestin comme organe le plus long. Ce "tube" est constitué de nombreux plis appelés Villosités intestinales (voir représentation ci-dessous), elles-mêmes composées de microvillosités. Ces multiples replis repartis sur les 6 à 7 mètres que mesure l'intestin, lui permettent de recouvrir une surface prés de 400m² !
Cela représente la plus grande surface de contact avec le monde extérieur de notre corps ce qui nécessité un système de protection adapté notamment le mucus (fluide produit par les cellules de l'intestin qui permet un revêtement protecteur qui limite les inflammations des cellules intestinales),le système immunitaire (70% de notre système immunitaire est concentré au niveau de l'intestin... car il faut gérer la provenances des substances et bactéries issus de l'alimentation), le système nerveux (lié directement à notre état émotionnel) et enfin la flore intestinale ou microbiote intestinal (qui joue un rôle capitale vis à vis du système immunitaire).
La flore intestinale s'adapte souvent à des situations problématiques ce qui fait qu'elle se raréfie au niveau de sa biodiversité. Cette raréfaction des espèces du microbiote intestinal engendre, plus facilement, certaines pathologies (diabète, hypertension...) et un état inflammatoire.
Quelles sont les causes de la porosité intestinale ?
Non, le gluten et le lactose ne sont pas les premiers responsables
Malgré ce qu'on lit dans beaucoup (trop) d'articles, de journaux ou de livres : l'apologie de la toxicité du gluten est une théorie vraiment simpliste qui mérite d'être déconstruite. Idem pour les produits laitiers.
Ces produits ne sauraient en être les seuls responsables. La cause principale est ailleurs : cet état dans lequel peut se trouver bon nombre de personnes "à cause" des produits laitiers ou du gluten n'est que la conséquence de la porosité intestinale. Sans cette dernière, ces mêmes personnes pourraient continuer à s'alimenter sans s'imposer d'évictions alimentaires.
En Asie, l'intolérance au riz existe et engendre les mêmes problèmes que ceux liés aux (supposées) intolérances au gluten ou aux produits laitiers. C'est bien la preuve que la cause est ailleurs...
L'élimination de certains aliments ne suffit pas.
En procédant ainsi, on se contente de retirer ce qui provoque l'inflammation de la barrière intestinale, elle laisse passer des substances non digérées ce qui provoque des réactions du système immunitaire. On déplace le problème, en quelque sorte.
Les personnes réellement intolérantes au gluten (souffrant de maladies Cœliaques) réagissent de façon extrêmement forte, ne serait-ce qu'à quelques milligrammes de gluten.
Remplacer un produit par un autre n'est pas la solution.
(comme consommer du riz, à la place du gluten, par exemple)
Certes, les symptômes inflammatoires et les problèmes digestifs vont être atténués. C'est un premier soulagement. Malheureusement, cela ne permet pas de guérir le problème intestinal (qui est "la porte d'entrée" des symptômes) ni la flore intestinale (nécessaire pour digérer convenablement).
Le problème de fond vient de la digestion.
De nombreux aliments peuvent entretenir ou être à l'origine de cette porosité intestinale.
Par exemple, le zonuline qui est une des substances responsable de la porosité intestinale est produite quand nous consommons du gluten et que nous le digérons mal.
La consommation de gluten qui aura été "prédigéré" ou digéré correctement ne posera pas autant de problèmes. Par exemple, la consommation de petit épeautre ou de seigle est souvent rapporté comme mieux toléré que le blé par les personnes qui ne disent ne pas digérer le gluten... pourtant tous ces produits contiennent du gluten !
La preuve est là que c'est un problème de digestion et non de produit seul, dans ces cas-là !
La zonuline n'est pas produite uniquement lors de la consommation de gluten. Il a été observé que cette protéine était également produite dans certains affections (diabète de type 2, problèmes cardio vasculaires, problèmes hormonaux, troubles du métabolisme...) pour lesquelles on sait que le microbiote intestinale était affaibli et avec une moins bonne faculté adaptative vis à vis de son environnement (donc de son alimentation) : l'organisme est plus fragile. Cette situation est une possibilité d'apparition de maladies inflammatoires et donc... de production de zonuline.
On entretient ainsi cette porosité rendant notre barrière intestinale hyper-perméable.
On peut retirer gluten, lactose etc... comme la perméabilité intestinale et la flore n'ont pas retrouvé un état normal, l'état inflammatoire est entretenu, malgré tout.
Revoir son alimentation et sa façon de vivre
Votre microbiote intestinal vous est propre et il s'adapte en permanence à ce que vous mangez, à ce que vous vivez et à votre environnement.
La flore intestinale n'est pas la même selon que l'on consomme beaucoup de gras, de sucre ou de protéines. Ce microbiote va encore évoluer si on ne digère pas correctement le contenu de nos repas :
Si on ne digère pas bien les glucides, la flore développée sera celle de la fermentation
Si on ne digère pas bien les protéines, la flore développée sera celle de la putréfaction.
A force de répéter ces problèmes de digestion, la flore bactérienne des intestins est de moins en moins diversifiée ce qui conduit à un dérèglement de celle-ci.
Prendre des microbiotes ou de la glutamine ne suffira pas à réparer cette porosité intestinale si aucun changement alimentaire n'est fait en parallèle : si votre alimentation reste anarchique, vous entretenez le problème.
Les compléments alimentaires peuvent être un bon point de départ mais la solution à long terme pour diversifier sa flore intestinale et entretenir (ou restaurer) la paroi intestinale passe avant tout par votre alimentation.
Ces éléments extérieurs qui entretiennent le phénomène...
D'autres facteurs entretiennent le problème :
- Certains médicaments : les anti-inflammatoires, les chimiothérapies, les radiothérapies, les antibiotiques, les antiacides (qui perturbent la digestion). Ces éléments étant pris dans un cadre nécessaire, il est important d'anticiper et de soigner d'autant plus son alimentation et d'entretenir sa flore intestinale pour éviter les risques d'hyperperméabilité
- Les sodas, (même sans sucre)
- Les édulcorants de synthèse
- Le café
- Les additifs alimentaires,
- le tabac et l'alcool...
Leur consommation doit être la plus raisonnable possible afin de ne pas entretenir la situation.
Les trois axes à suivre pour en finir avec l'hyperperméabilité intestinale
1 / La digestion et l'alimentation
- Mastiquer : l'action mécanique des dents associée à l'action chimique des enzymes salivaires constituent une première phase capitale pour la digestion.
- Prendre ses repas dans un environnement favorable et calme... en regardant ce qui se trouve dans on assiette !
- Adapter ses repas en fonction de l'activité qui suivra : activité intellectuelle, sédentarité ou activité physique ne demandent pas les nutriments lesquels ne se digèrent pas de la même manière non plus,
- Etre à l'écoute de son corps : si vous avez beaucoup de ballonnements ou des somnolences après le repas, c'est que votre digestion est plutôt mauvaise. Alléger les produits que vous savez que vous digérez moins bien mais ne les retirez pas complétement,
- Simplifier son assiette : c'est coloré, c'est joli mais c'est compliqué à digérer si la diversité des aliments est trop grande, dans l'assiette,
- Fuir les produits industriels (oui, même les laits végétaux) : les ingrédients et les additifs qu'ils contiennent les rendent très indigestes. Le niveau de transformation de ces ingrédients n'a plus grand chose en rapport avec les produits à leur état naturel rendant leur digestion compliquée,
2 / La mise au repos de l'intestin et l'allégement de l'alimentation
Certains encouragent au jeûne dans ce cas de figure. Je ne suis pas favorable à cette pratique, car elle est souvent suivie de comportement compulsifs, parce qu'elle demande une disponibilité, un calme et un repos que peu de personnes savent accepter et mettre en place.
La diète à base de fruits et de légumes est particulièrement adaptée tout en l'adaptant à votre sensibilité personnelle. Si le cru en trop grande quantité peut être mal digéré : il sera évident 'aller vers des aliments cuits (à la vapeur douce). Ou sous forme de jus ou de potage.
Idéalement, à faire une à deux fois par semaine, sur une période de plusieurs mois, cette diète permettra de fournir les fibres nécessaires à l'entretien de votre microbiote intestinal, d'une part. D'autre part, ces aliments étant simples à digérer, la diète permettra un repos certain de votre intestin.
Le temps de reconstruction est long et il sera nécessaire de faire preuve de persévérance..
3 / Un microbiote intestinal diversifié
Même si les deux étapes précédentes vont aider à améliore la situation, il va sans doute également nécessaire de réensemencer la flore intestinale grâce à des probiotiques. On trouvera ces probiotiques de façon naturelle dans les aliments fermentés (yaourt au lait de vache, de brebis ou de chèvre, Kombucha, Miso, légumes lactofermentés...) ou dans des compléments alimentaires.
Les compléments alimentaires contenant des probiotiques sont là en soutien : on peut les prendre pendant des épisodes de 1 à 3 mois. Il est important de choisir un complément qui contient plusieurs souches bactériennes afin d'enrichir au plus l'écosystème intestinal : le spectre d'ensemencement n'en sera que plus large.
Si à l'arrêt de ces probiotiques ramène la situation au même état de déséquilibre intestinal que précédemment, c'est que le déséquilibre est toujours présent et qu'il est nécessaire de revoir votre alimentation : le terrain n'est pas favorable. Les probiotiques camouflent "simplement" la situation.
Et pour finir...
Le plus favorable est d'apporter des aliments à l'organisme (et indirectement à la fore intestinale) et d'observer l'évolution de l'état digestif pour adapter au mieux.
La flore s'équilibrera toute seule en fonction de l'alimentation et de vos apports quotidiens.
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